CENTRE BARBARA GOUTTE D'OR - PARIS 18
Recording : 2009:02:04
Exhibition : 2009:06:23 to 2009:06:28 [ Festival Goutte d'Or ]
Organised by Melissa Thackway, OUTSPOKEN Slam Workshop directed by Rocé, november 2008. Supported by l'Espace Jeune Goutte d'Or-ADCLJC
This project was part of From The Voice To The Hand a co-existent exhibition organised by Melik Ohanian in 15 places at the same time, Paris 2008-2009

On Fridays, in my street, Polonceau, the brothers do salah
Drop by my building,
it's the four corners of the world
Wallah, I'm not joking
A living place, a place of sharing
The brothers and sisters smell of Bamako and Carthage spices
You want to know how I see things, cousin?
I strut in All Stars
while sisters in my hall wear the hijab
To the freestyle sounds late at night
The police swoop sending the homeboys flying
Our hood's a cold fizzy drink in a bottle
On the block we tease those whose hair's a battle
My neighbourhood, my identity are a muddle
I come from where they speak more tongues than Babel
Life may be tough here, but I can't say it's not cool
When there's a smoke, give me a call
When there's a fight, give me a hand
When there's some dough, the mums say save
When I'm out of order, calm me down
I love my ghetto, friends
One day it's tears, the next it's laughs
It doesn't change
One day it's chaos, the next it's prayers
And at times, on the horizon, I can just make out a chance.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Naila / Peripherical Communities 2009
Chez moi le vendredi à Polonceau les frères font salat [prière]
Vient faire un petit saut sur mon palier,
c'est les 4 coins du monde
Wallah, c'est pas des salades
Lieux d’vie d’partages,
Les frères et sœurs sentent les épices de Bamako et Carthage
Tu veux savoir comment ça marche dans ma tête, cousin?
Je frime en All Star et dans mon hall
tu peux croiser des sœurs en sitar [hijab]
Sur du son, tard le soir, en freestyle
Contrôle de flic et les bledards se taillent
Chez nous c'est le gazous frais dans une bouteille,
En bas du bloc on charrie ceux qui ont la touffe en bataille
Mon identité, mon quartier, c'est le bordel
J’viens d’là où on parle + de langues q’les gens d’la tour de Babel
La vie est dure, je peux pas dire qu'elle y est pas belle
Quand il y a chicha, j'aime qu'on m'appelle
Quand il y a bagarre, j'aime qu'on m'épaule
Quand il y a du bif, nos reums aime qu'on épargne
Et quand j'abuse, j'aime qu'on me parle
J’aime mon ghetto, mes comparses
Un jour tu ries, un jour tu pleures
Rien ne change
Un jour tu pars en vrille, un jour tu pries
Parfois au loin j'aperçois une chance.
/audio/2009/01_NAILA.mp3

I won't give up the fight
Cos I'm from the ghetto
I dream of fancy shoes and jackets
I'm a black guy with a stack of dreams to fulfil
A black guy with his feet on the ground
and his eyes towards the future
I try to stay solid, my rap's my weapon
I keep my cool
even if some think I'm bad
I'm just a black guy you can find out in the streets
Sometimes stressed out as you never know,
there are too many racist police
You'll find me, like anyone else,
like any other man, chatting up the girls
Or slipping into my trainers and baggies
just in case there's a party
Or you'll find me at 6 in the morning on the way to work
Cos you need cash, thank God I got my papers
I live in a country where people smile, but hate me
In a country where it's always the same people labelled guilty
Where they won't give you your break
Where they don't want you to make it
In their mouths, only one word:
delinquent
They refuse to mix with us, as if we smell bad
They refuse to see the truth
They think they're the goodies and we're the bad
I live in a country where the racism is suffocating
I live in a country where you get to be president
by stigmatizing.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Djettos / Peripherical Communities 2009
Je compte me battre sans cesse
Car je viens du ghetto
Je rêve de belles shoes et de belles vestes
Je suis qu'un renoir avec un paquet de rêves à accomplir
Un renoir qui a les pieds sur terre
et un regard vers l'avenir
Je dois rester solide, mon rap est un brolique [calibre]
J'reste cool même si certains pensent
que je ne suis pas un bon type
Je suis qu'un simple negro que tu peux trouver dans la street
des fois stressé car on sait jamais,
il y a trop de sales flics racistes
Comme tout le monde, comme tous les hommes,
trouve-moi en train de discuter les meufs
Ou bien en train de filer baskets baggy,
on sait jamais si il y a un teuf
Sinon trouve-moi à six heures du mat’ en train d'aller au taf
Car il faut du bif, dieu merci j'ai eu mes fafs [papiers]
Je vis dans un pays là où les autres me sourient or ils me détestent
Dans un pays là où les coupables ont toujours les même têtes
Disons qu'ils nous écartent loin de la chance
Ils veulent pas qu'on soient des gens importants
Dans leur bouche il n'y a qu'un seul mot qui sort,
c'est la délinquance
Ils refusent de se mélanger à nous comme si on sentait mauvais
Ils refusent de voir la vérité,
pour eux c'est eux les bons et nous les mauvais
Je vis dans un pays là où le racisme m'étouffe
Je vis dans un pays là où tu deviens Président
quand tu t'attaques aux pauvres.
/audio/2009/02_DJETTOS.mp3

to tell you about my home
My parents are from Morocco and Algeria
And I come from France
I was born in France. I'm a French national
And I come from the ghetto
It's a little run-down, but it's hardly Kosovo
Our kid brothers' joys, our parents' smiles
Are what make my hood the most beautiful
I say "my" hood, as if my Dad built it
But I want to talk about the place
cos it's what shaped me
What taught me to be a man
What showed me where not to tread
And I'm proud of where I took my first steps
There where I experienced all my sorrows and my joys
There where for the first time I was called a filthy Arab
Told to go back home
Ok, I'm a filthy Arab, but where should I go back to
When the hospital I was born in is just around the block?
I've got used to being stopped and searched three times a day
It's a blessing in disguise
cos it constantly reminds me of where I'm from
And I'm proud of my roots, proud of my origins
Proud to be called Yacine
All that to say I'm still a good citizen
I work for the State, pay my rent, my taxes just like you
But there's sadly still that little something that just won't do
Always that sideways glance that says I'm different to you.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Yacine / Peripherical Communities 2009
pour te parler de mon pays,
Mes parents viennent du Maroc et de l'Algérie
Moi j’viens d’la France,
je suis né en France, j'ai la Nationalité française.
Je viens d'un ghetto,
il est un peu triste mais c'est loin d'être le Kosovo
La joie de nos petits frères et le sourire de nos parents
font de mon quartier le plus beau
Je te parle de ce quartier comme si c'était mon père qui l'avait créé,
Mais je tiens à parler de cet environnement
parce que c'est cet endroit qui m'a forgé
Qui m'a appris à être un homme,
et qui m'a montré où éviter de mettre les pieds,
En tout cas je suis fier de là où j'ai fait mes premiers pas
Là où j'ai connu toutes mes peines et mes joies,
Là où on m'a dit pour la première fois que j'étais un sale arabe
et que je n'avais qu'à faire demi-tour
Ok, je suis un sale arabe, mais où dois-je faire demi-tour?
Car l'hôpital qui m'a vu naître se situe juste en face de ces tours.
J'ai aussi pris l'habitude de me faire contrôler 3 fois par jour
C'est un mal pour un bien
parce que ça me fait toujours repenser à mes origines
Je te rappelle que je suis fier de mes racines, fier de mes origines
Et fier de m'appeler Yacine.
Tout ça pour te dire que je suis quand même un bon citoyen
Je taf pour l'Etat, je paye mon loyer et je cotise comme toi
Mais malheureusement il y a toujours ce petit truc qui ne va pas
Toujours ce petit regard qui me différencie de toi.
/audio/2009/03_CHIKOR.mp3

A pupil of the Nation
In a land of welcome which has today buried the notion
Cradled since birth in the arms of this land
But I am here as if in a puzzle
That's missing a piece
In a board game destined to go wrong from the start
A wounded identity, stigmatized, shrouded
Buried like our the history of our parents
I gather and carry to the end
My Grandfather's sufferings
The scar of a bullet wound reminding me of war
Granddaughter of a colonial infantryman, my country never honoured him
Descendant of the Algerian people
People of the Sahara
We represent the colours of the desert
The colours of hope
One day to no longer suffer
One day have the faith to no longer suffer
Algerian, born in France
I grew up in this land which is now my land
Like a weapon in others' eyes
Tolerance is dead
My roots, Algeria
The land of my origins.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Shein B / Peripherical Communities 2009
qui aujourd'hui en fait le deuil
Comme une pupille de la Nation
j’ai aussi été bercée
dans les bras de ce pays depuis ma naissance
Mais si je suis ici comme dans un puzzle
c’est qu’il manque une pièce
dans ce jeu de société voué à l'échec
Identité froissée, stigmatisée dans un linceul,
enterrée comme l’histoire de nos parents
Je receuille et porte à bout
la souffrance de mon grand-père
Cicatrice d'une balle, me rappelle un effet de guerre,
Petite fille de tirailleur, ma patrie ne l'a jamais anoblie
Descendante d'un peuple algérien,
venant du Sahara,
on représente les couleurs du désert;
celles de l'espoir
Un jour ne plus subir,
un jour y croire pour ne plus souffrir
Algérienne, née en France,
j'ai grandie sur cette terre, qui aujourd'hui est ma terre
Comme une arme dans le regard des autres,
la tolérance est morte
Mes racines, Algérie
Mon pays d’origine.
/audio/2009/04_SHEIN_B.mp3

Always the same shit, never enough cash
My identity: Franco-Senegalese
Burnt-out, suspected the slightest move I make
Handcuffed if I have no ID on me
Bludgeoned, mishandled, hated by this country
I spit the truth on this white page
as I'd spit in the face of a racist
We won't be held down, we'll keep on trying,
even with spokes in our wheels
We're aiming to succeed
They want us to go back home
But tell me, what would France be without immigrants?
Nothing at all…
I'm just a black guy who's hungry and wants to make his place
Don't give a shit what they think
I keep on moving on with my kind, hand in hand
To break out of this dead-end
Change my way of life, change track
Show them we know how to get by
Prove we have talent and qualities
We won't wait for society to come and help us
Given up hoping, I take my own route
Even if at times it's despairing
I keep up the fight
Struggle to not fall into the trap
And I represent the France of the people
Who mix, who mingle
Who protest against the State.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Abdouramane / Peripherical Communities 2009
toujours la même merde et pas assez de bif
Mon identité : franco-galséné, [Sénégal]
cramé, suspecté quand je fais un geste
Menotté parce que j'ai pas mes papiers
matraqué, maltraité, détesté par ce pays
la vérité je la crache sur une feuille blanche
comme sur le visage d'un raciste
On se laisse pas faire, nous on persiste
même avec des bâtons dans les roues
On vise la réussite
ils veulent nous voir s’barrer au bled
mais dis-moi, que deviendra la France sans les immigrés?
Que dalle…
Moi je suis juste un black qui a la dalle
et qui veut faire sa place
Rien à foutre de ce qu'ils pensent
J'avance avec les miens, main dans la main
Pour sortir de ce pétrin
Changer de train de vie et de chemin
Leur montrer qu'on sait se débrouiller
Leur prouver qu'on a du talent et des qualités
On attendra pas que la société vienne nous aider
Fini d'espérer je mènes mon propos parcours
Même si des fois je suis désespéré
Je continue le combat
Je me débats pour ne pas me faire piéger
Et je représente la France d’en bas
Qui se mélange, s’manifeste contre l’Etat.
/audio/2009/05_LEXABD.mp3

My colour, synonym of horror
The burden, the rancour
The transatlantic delicious liqueur
My pain
My pain that rips my heart
A suffering that wakes me at any hour
That sends me spiralling down
Mate I'm hurting
Mate I'm hurting cos nothing's equal
Many have fallen into crime
Your equality leaves me unemployed
I have the back of a labourer
Despite five years at university
How to make it when there's such meanness?
How to make it past the hurdles that eliminate you from the race?
How to make it when you are enchained to your place?
How to make it when bad luck is inbred?
I remember at school that sweet lesson we bled
That sweet lesson where the insults rained
Today I've grown up and I like to see this mixed playground
I'd like to know what you used to think when you saw me
Do you see me as a man or as a black guy
As a dirty little jerk, dirty little homeboy?
I'm far from all that
My identity is me.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Olivier / Peripherical Communities 2009
Ma couleur synonyme d’horreur
Le fardeau et la rancœur
La traite délicieuse liqueur
Ma douleur
Ma douleur qui déchire mon cœur
Une souffrance qui m’éveille à tout heure
Qui m’éloigne loin du bonheur
Mais que j’ai mal
Mais que j’ai mal car rien est égal
Beaucoup sont tombés dans le biz illégal
Ton égalité me fait chômer
J’ai le dos de l’ouvrier
Cinq ans d’études de plus qu’un bachelier
Mais comment peut-on y arriver quand l’autre à d’la méchanceté?
Comment peut-on y arriver quand des barrières te font dégager?
Comment peut-on y arriver quand ta place t’a enchaîné?
Comment peut-on y arriver quand la malchance est inné?
Je me rappelle à l’école cette douce cour qu’on a saigné
Cette douce cour où les insultes pleuvaient
Aujourd’hui j’ai grandi j’aime voir cette cour métissée
J’voudrais savoir ce que tu pensais lorsque tu m’apercevais?
Me vois tu comme un homme ou comme un noir
Comme un sale petit con de sale lascar?
Je suis si loin de tout ça
Mon identité c’est moi.
/audio/2009/06_OLIVIER.mp3

Born in France
But my spirit is still back in my country
Because in France they reject me
As my skin's a little too dirty
In my country there's so much poverty
I wasn't born yesterday
But 18 years ago
It makes me happy to see a black brother in power in the States
Through this victory, we are all united
But in France, even if you go to school
Even if you've got your papers
They push you down
No hope
In Mali
Back home
I always feel out of step
But being back in the land of my ancestors
Reminds me that I am in the 21st century
But in France, even if you go to school
Even if you've got your papers
They push you down
No hope
In Africa
The poverty always makes me mad
I face up to all these challenges
Like a certain Martin Luther King
And all the other wise men and their messages
But in France, even if you go to school
Even if you've got your papers
They push you down
No hope, no hope, no hope.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Modibo BZR / Peripherical Communities 2009
J’suis né en France
Mais j'ai toujours l'esprit dans mon pays
parce qu'en France on me recale
parce que j'ai la peau un peu trop sale
Dans mon pays c'est la misère
J’suis pas né hier
Mais à 18 ans
Ca fait plaisir de voir un frère noir au pouvoir des Etats-Unis
Par cette victoire on est tous uni
Mais en France, même scolarisé
Même si t'as tes papiers
T'es refoulé
C'est foulek
Au Mali
dans ce bled
Je me sens toujours à l'Ouest
Mais de me retrouver sur la terre de mes ancêtres
Ca me fait penser que je suis toujours dans le 21e siècle
Mais en France, même scolarisé
Même si t'as tes papiers
T'es refoulé
C'est foulek
En Afrique
La pauvreté me fait toujours rage
Je me confronte à toutes ces épreuves
Comme un certain Martin Luther King
Et à tous ces autres sages et leur message
Mais en France, même scolarisé
Même si t'as tes papiers
T'es refoulé
C'est foulek, c’est foulek, c’est foulek.
/audio/2009/07_BZR.mp3

aren't just limited to bars
I've knocked around from the messed-up ghettos
to the cobbled stone streets
I've heard all kinds of nonsense, twaddle, lies
That enter your brain like a drill
I hear the outrageous crap that everyone nods to
That comes to challenge us so far from the truth
People like to believe the ideas of those who don't hesitate
Whose self-assurance hides the face of their stupidity
I am full of doubts, seem wavering, feverish
In a world where that seems daft or even stupid
Saying "I don't know"
is to be banished from speaking out, in exile
Thinking too much is to appear to cop out
Clichés are contained when the truth rebels
Truth flies out the window when reflection falters
I want to be the one who holds onto doubt
when others freeze it
You have your answers, but I have questions for
your responses.
Translation : Melisssa Thackway
Copyright © Rocé / Peripherical Communities 2009
ne concernent pas que les cafés
J'ai roulé ma bosse des ghettos bâclés
jusqu'aux rues pavées
J'ai ouvert l'oreille aux sornettes, aux balivernes, aux mythos
Qui rentrent dans le cerveau à la façon d'un foret
J'entends les énormités qui font l'unanimité
Viennent nous défier si loin de la vérité
On aime croire aux idées de ceux qui n'veulent pas hésiter
Dont l'assurance cache le visage de la stupidité
Moi je suis dans le doute, l'air vacillant et fébrile
Dans un monde où ça fait stupide voire débile
Dire que je ne sais pas
c'est être banni, voir l’exil
Et trop réfléchir c'est donner l'air qu'on se défile
Le cliché s'apprivoise quand la vérité se rebelle
La vérité s'envole et notre réflexion bat de l'aile
Je veux être celui qui garde le doute
quand les autres le gèle
Vous avez vos réponses,
Moi j'ai des questions pour elle.
/audio/2009/08_ROCE.mp3
CENTRE BARBARA GOUTTE D'OR • PARIS 18 • 2009:06:23 to 2009:06:28
workshop with Rocé & shooting • PARIS 18 • 2009:02:04
still pictures • PARIS 18 • 2009:02:04
PERIPHERICAL COMMUNITIES, PARIS 2009 @ CENTRE BARBARA GOUTTE D'OR, PARIS. {ONLY ONE VOICE VERSION}
V01 • CHIKOR's voice only - 01:16MN
V02 • NAILA's voice only - 01:17MN